De la préparation de commandes à la gestion de flux
Alors que nous sommes nombreux à penser qu’être directeur transport ou supply chain au sein d'une entreprise, c'est uniquement du concret, du terrain et du matériel, Ludwig Crivelli, Directeur Logistique du Prêt à Poser chez K-LINE, nous emmène au-delà des clichés. Plongeon au coeur d'un parcours atypique, aussi professionnel qu'humain... et d'un joyeux engouement pour la logistique.
Est-ce que vous pourriez vous présenter brièvement ainsi que votre parcours ?
Je m’appelle Ludwig Crivelli, j’ai 49 ans, j’occupe aujourd’hui le poste de directeur logistique du prêt à poser chez K-LINE.
Si on commence depuis le début, disons que j’ai toujours fait de la logistique, même si j’ai commencé ma carrière avec des postes différents, bien évidemment. J’ai travaillé dans l’industrie de la métallurgie, dans l’agroalimentaire et dans la distribution.
Comment vous est venue cette idée de la logistique ?
Les hasards ou les opportunités de la vie ! Faute d’avoir trouvé ma voie ou d’avoir une réelle vocation, j’ai arrêté les études après le BAC et je suis rentré à l’Armée. En revenant, on m’a proposé de travailler pour les Galeries Lafayettes. D’abord préparateur de commandes, j’ai ensuite été très intéressé par tout ce qui relevait de la gestion de stocks. Tout ce qui avait trait à la marchandise, ça me plaisait !
Comment passe-t-on des Galeries Lafayettes à K-LINE ?
On n’y passe pas d’un seul coup, en tout cas, pas à ce type de poste ! Après avoir passé 3 ans chez les Galeries et plus précisément à la SPAM, je suis passé de la préparation de commandes à la gestion de stocks et j’ai changé d’industrie. J’ai travaillé pendant 13 ans dans la métallurgie, la fabrication de verres de lunettes. J’y suis entré en tant que responsable des stocks et j’en suis sorti comme responsable logistique et achats.
Pendant cette période, j’ai repris mes études. Je faisais des cours du soir parallèlement à mon travail pour avoir une licence dans la logistique, c’était un moment assez intense, pendant deux ans et demi voire trois ans, je n’avais pas beaucoup de temps pour moi.
Se sont enchainées les expériences chez Intermarché, comme responsable d’exploitation puis une période de free lance dans un domaine complètement différent : l’équitation, avant de revenir à mon premier domaine de connaissance, la logistique chez K-LINE, mais sans regrets, car j’aime beaucoup ce que je fais.
Qu’est-ce qui vous plaît tant dans votre métier et à quoi ressemblent vos journées ?
Un des aspects qui me plaît le plus justement, c’est qu’il n’y a pas de journée type ! C’est toujours très varié ! J’ai plusieurs sites à gérer : deux sur Les Herbiers (région nantaise), un troisième actuellement en construction et un dernier vers Lyon. Et je dois faire en sorte que tout fonctionne parfaitement au sein de ces sites, entrées et sorties de matériel, différents projets.
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez en ce moment ?
Il y en a plein ! Pour résumer, je dirais : la finalisation du TMS car nous avons changé de système ; la dématérialisation avec Dashdoc et le changement de tous nos ERP.
Beaucoup de projets liés au digital... Pour vous, le métier de la logistique, c’est du terrain ou du support ?
La logistique c’est un terme un peu barbare. Même si moi je suis plutôt du côté Supply Chain maintenant. C’est quand même très varié. Ce n’est pas que du flux physique, prendre un carton, le déposer là et le dire au client. Sinon ce serait trop simple. Tout dépend bien sûr de la société dans laquelle vous travaillez et de la dimension qu'y occupe la logistique. Dans une plateforme logistique, c’est du terrain avant tout. Dans une grande société, les projets prennent une autre dimension. Pour ma part, c'est du 50/50.
Le terrain, c’est sine qua non pour travailler dans la Supply Chain ?
C’est important d’avoir fait du terrain pour comprendre les problématiques, j’y suis très sensible quand je recrute, même si je n’en fais pas une condition incontournable ! Le terrain apporte beaucoup de choses, notamment sur la connaissance humaine, que je trouve primordiale aujourd’hui surtout pour le management.
Parlons de votre équipe, comment est-elle organisée ?
Aujourd’hui, nous sommes 350 pour ce qui est de la logistique chez K-LINE. Je travaille main dans la main avec 4 collaborateurs :
Une responsable à Lyon de toute l’expédition et de l’exploitation (gestion des entrepôts, tout ce qui est réceptionné et tout ce qui est expédié) ;
Un responsable transports sur Prima (litiges, négociations, transports) ;
Un responsable d’entrepôts des sites de Prima ;
Coordinateur de projets logistiques.
De mon côté, je reporte au Directeur Industriel.
Qu'est-ce que vous seriez prêt à changer dans votre poste ?
La (très) grande liste de réunions administratives : individuelles, entre membres du CODIR, entre différents responsables et les réunions de travail pures et simples. Je peux cumuler 35 heures de réunions dans la même semaine ! Il s’agit donc de prioriser et de ne pas culpabiliser de ne pas tout faire.
Quels sont vos rituels en tant que Directeur Logistique ?
Le matin, je consulte toujours mes mails avant de me rendre sur mon lieu de travail. Je me rends ainsi compte de ce qui s’est passé et des résultats pour l’équipe de nuit. Malgré tous les rebondissements que peuvent compter une journée, je fais en sorte de toujours avoir une réunion hebdomadaire avec mon équipe.
En arrivant sur le site, j’essaie de boire un café avec mes collègues pour prendre la température, savoir si tout le monde va bien ou s’il y a des absents.
Pour Ludwig Crivelli, l’essentiel se porte sur l’organisation, la communication et même davantage, le bien-être des collaborateurs !
Comment pensez-vous que le métier de Directeur de Logistique va évoluer ?
La partie écologique va tout dominer, et à juste titre. Il faut bien qu’on vende la marchandise mais il faut qu’on trouve des solutions pour polluer un minimum. Chez K-LINE par exemple, on essaie d’inciter nos transporteurs à travailler avec des camions hybrides ou électriques. Même si on est conscients que c’est difficile pour des petits transporteurs de verdir sa flotte, ils ne peuvent pas tous se le permettre.
Je pense aussi que la nouvelle génération va apporter de grands changements. Entre les nouveaux venus et l’ancienne génération du secteur, c’est très dur au niveau du management, la compréhension n’est pas au beau fixe.
Est-ce que vous pensiez faire ce métier plus jeune ?
Pas du tout, je rêvais de devenir cuisinier ! Ou de rester dans l’Armée. Je pense qu’il y a certaines cohérences entre tous ces postes : la rigueur mais aussi l’esprit d’équipe.
Un homme à l’écoute de ses passions, même tardives, il a tenté à un moment donné l’aventure de l’équitation en tant que coach, 5 années durant, avant de revenir à un métier “plus traditionnel”. Car “il ne faut jamais rien regretter, au moins on a appris.”
En portant un regard sur votre carrière, de quoi êtes-vous le plus fier ?
Retracer 30 ans de carrière, ce n’est pas évident mais, je dirais que ma plus grande fierté, ce sont les relations humaines que j’ai bâties.
Que peut-on vous souhaiter pour votre prochain défi professionnel ?
Dans les années qui viennent, j’aimerais peut-être davantage me tourner vers l’enseignement. Mon poste est stressant, usant, on gère des choses qui se passent la nuit, je n’aurais pas la capacité de faire ça toute ma vie. En plus, j’ai envie de transmettre quelque chose, dans ce monde qui bouge, qui va très vite, autant passer la main aux plus jeunes dans de bonnes conditions.